Lundi, octobre 10, 2022

Sturm und Klang

Concert de présentation d'oeuvres contemporaines pour petit ensemble avec une introduction analytique par Jean-Marie Rens.


Pierre Boulez
"Dérive 1"


Jean Marie Rens
"Quatre musiques traditionnelles" (création de la nouvelle version pour accordéon et petit ensemble)


Jean-Luc Fafchamps
"Lettre Soufie: Sh(în)"

10/10 20h Académie Franz Constant, Auditorium (Rue des écoliers 7, 1160 Auderghem)

11/10 12h15 Conservatoire Royal de Liège, Salle Henri Pousseur (Rue forgeur 14, 4000 Liège)

13/10 12h15 Arts² - Conservatoire Royal, Auditorium (Rue de Nimy 7, 7000 Mons)

Ensemble Sturm und Klang
Thomas Van Haeperen, direction
Olivier Douyez, accordéon
Maxime Stasyk, violon
Ondine Simon, alto
Ian-Elfinn Rosiu, violoncelle
Anne Davids, flûte
Cédric De Bruycker, clarinette
Fabian Coomans, piano
Anne Zeuwts, harpe
Jean Louis Maton, percussion
Rémy Gouraud, percussion

Pierre Boulez, Dérive 1
"Je prends quelquefois un fragment d'une oeuvre aboutie, explique Pierre Boulez, mais un fragment qui n'a pas été utilisé, ou qui ne l'a été que très sommairement, et je le greffe, pour qu'il donne naissance à une autre plante. Ce sont des pièces qui sont des sortes de jalons entre des oeuvres plus longues, et souvent, je m'y concentre sur un problème donné."
Tel est le cas de Dérive 1, brève partition pour six instruments (flûte, clarinette, vibraphone, piano,
violon et violoncelle), qui renvoie à Messagesquisse et à l'accord de six notes dont l'origine est la
transposition du nom de Paul Sacher en alphabet musical.
Formellement, l'oeuvre est divisée en deux parties très contrastées, et une coda. L'élément harmonique est au centre de la première tandis que la mélodie semble prendre le pas sur l'harmonie dans la seconde. La résonance joue un rôle central par l'opposition des instruments « résonants » et « non résonants », mais aussi une résonance globale: le piano tient d'ailleurs toutes les notes de l'octave la plus basse pendant l'ensemble du morceau, permettant aux notes de sonner plus librement et avec une plus grande richesse d'harmoniques. Les figures ornementales et mélodiques s'entrecroisent dans un climat de jubilation jusqu'à une fin élidée et abrupte.
Dérive 2 a été créée à Londres en juin 1984 par le London Sinfonietta sous la direction d’Oliver Knussen.


Jean Marie Rens, Quatre musiques traditionnelles
L’oeuvre intitulée Quatre musiques traditionnelles a été composée en 2017 à la demande du festival de Wallonie.
Elle fut créée la même année par l’ensemble Sturm und Klang sous la direction de Thomas Van Haeperen. La
pièce était dédicacée (et l’est toujours) à Pierre Bartholomée pour son 80e anniversaire.
Écrite à l’origine pour bandonéon, flûte, clarinette, harpe, alto, violoncelle et deux percussionnistes, les quatre
mélodies qui alimentent le projet et qui s’enchaînent d’un seul tenant, ont été révisées de manière importante en 2022 – révision qui va jusqu’à un changement instrumental puisque le bandonéon, soliste dans la première
mouture de l’oeuvre, laisse cette fois la place à un accordéon. Deux facteurs importants expliquent le choix des
mélodies : d’une part la volonté d’avoir des origines très diverses et d’autre part d’avoir la possibilité de proposer des contrastes sur le plan des tempi, mais aussi du caractère (modalité, rythme, structure…).
La première (Koriezdeki) est une mélodie instrumentale turque bien connue dans le monde des musiques
traditionnelles. La deuxième (Durme) est une chanson séfarade et plus précisément une berceuse. La troisième (Drive the cold winter away), extraite d’un recueil de John Playford, est une vieille chanson anglaise du milieu du XVIIe siècle. La quatrième et dernière mélodie du cycle, la plus virtuose des quatre et sans nul doute la plus exigeante pour le soliste comme pour l’ensemble, est un traditionnel instrumental bulgare usant abondamment des rythmes dits Aksak. Elle a pour titre Krivo choro.
Le traitement de ces quatre mélodies, assez courtes à la base, oscille entre des zones de simple arrangement – la mélodie est présentée sans artifices particuliers (pour reprendre les mots de Bartók, « l’essentiel est l’air paysan, ce joyau serti dans sa simple monture ») - et des zones beaucoup plus composées où, c’est toujours Bartók qui parle, « l’air populaire est une sorte d’exergue secondaire, l’essentiel étant ce qui l’entoure et le soutien ».


Jean-Luc Fafchamps, Lettre Soufie : Sh(în)
Pour moi, dans le silence…
Le cycle Lettres Soufies est une réflexion sur l’écriture musicale, le temps et les formes, où Jean-Luc Fafchamps exploite la symbolique décrite par certains maîtres Soufis – le soufisme étant un mysticisme lié à l’Islam – comme clé de correspondances poétiques. Chacune de ces pièces constitue à la fois la recherche d’un état sonore spécifique (avec un matériau qui voyage librement d’une pièce à l’autre) et la mise en oeuvre d’une logique de transformation.
En ce sens, il n’y a pas de matériau propre à chaque pièce : tout est susceptible d’y apparaître, d’émerger naturellement du jeu de la transformation qui s’opère. La chose qui prend corps semble posséder une vie propre, évoluer à la dérive (comme il en est de tout mouvement que l’on observe sans en connaître le but ou la fin)… La désorientation (spatiale, stylistique, harmonique, motivique, rythmique...) est le mode de fonctionnement de cette musique, aussi semblable et changeante que l’eau du fleuve. Sh(în), associé à l’acceptation, l’aloès blanc, la lune, le feu qui nettoie,…, constitue une forme de lamento, ou plutôt un état de déréliction et de renoncement où se rêverait une lamentation silencieuse et retenue, une
plainte à nul autre adressée, comme une stupeur enfermée trop intimement. Bribes timides (souvenirs ou prémonitions ?) sur fond de murmures. De cet état, par une lente transformation – ténue dans ce cas, comme un avènement du murmure, une reconnaissance de sa réalité –, émergent les conditions nécessaires à l’attente d’une consolation.
Lettre Soufie: Sh(ìn) est une commande de l’ensemble Spectra, créée à Gand (Bijloke) le 4 avril 2009 sous la direction de Filip Rathé.

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Prix réduit:
rue des écoliers 7
Bruxelles
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