Les gens qui partent
Une performance de 50 minutes explorant la complexité des émotions liées aux territoires, aux déplacements et aux identités en mêlant flûtes, électroniques et témoignages.
Je suis née en Corse, au milieu de la mer Méditerranée.
Pendant longtemps, quitter mon île, pour avoir la possibilité d’étudier, de travailler, de m’émanciper, a été la seule alternative pour la vie que je voulais me construire. Partir a donc représenté une nécessité et m’a demandé le plus grand des courages : celui de me choisir, moi. J’avais besoin de changer de terre pour trouver un terreau plus fertile, plus propice à certaines étapes de ma vie. Seulement depuis, je me sens déracinée. Lorsque l’on vient d’un endroit aussi ancré que la Corse, la question de l’identité est tout-de-suite là. Ces questions se sont imposées à moi dès mon arrivée “ailleurs”.
Je ne savais pas que je transportais toute cette complexité en moi jusqu’à ce que je le confronte à l’altérité, jusqu’à ce que cela me jaillisse au visage, comme une remise en cause de mon être entier. Je sais désormais ce que je suis : Méditerranéenne. J’appartiens à un territoire plus vaste dont les frontières sont définies par la nature : là où il y a des oliviers et des tomates ; là où le vin est plus rude et les peaux tannées. Je sais aussi que cela peut changer et évolué, que je suis celles et ceux que je rencontre.
Depuis quelques années, j’ai envie de chercher comment ces réflexions peuvent trouver leur résonance sonore, si mon rapport à la Mer Méditerranée possède un écho similaire dans chacun d’entre nous. Il a fallu trouver comment récolter et traduire en sons les lieux des migrations ? Comment percevoir ces transformations chez les autres et quelle matière sonore extraire ? Dans la substance organique que sont la terre et la mer, nous avons sondé et cherché les traces sonores d’un passé migratoire. Nous avons également invité les gens de passage à s’interroger sur ces notions. Ma voix, mon histoire, n’est donc plus seule porteuse de ces sujets mais entre en résonance avec d’autres, nous servons de vecteur à ces différentes existences pour interroger le public dans ce qu’il a de plus complexe et peut-être de plus secret : sa propre identité.
Albane Tamagna
Qu’est-ce que c’est ?
Une performance sonore de 50 minutes explorant la complexité des émotions liées aux territoires, aux déplacements et aux identités en mêlant flûtes, électroniques et témoignages.
Albane Tamagna, concept et interprétation
Gilles Doneux, composition
Sami Tedeschi, collectes sonores et régie lumières
Fabien Prieto, création lumières
Ambre Tamagna et Roxane Hardy, chorégraphie et mise en espace