pièce musicale pour un chef solo, projections et dispositif interactif
Explorant plus loin la frontière sensible entre gestes producteurs de son et gestes chorégraphiques, l’état de tension entre le visuel et le sonore, Light Music met en scène un interprète, seul, face au public… Equipé des technologies émergeantes de captation du mouvement, ce « chef solo » peut du simple mouvement de ses mains, déclencher des sons et des séquences musicales, les faire résonner, les déchirer et les manipuler dans l’espace. Light Music se joue ainsi d’une certaine dualité poétique du geste : de la permanence des mains, bien réelles, matérialisées par la lumière, et de leurs rémanences, empreintes éphémères, aériennes, virtuoses, sensuelles, tranchantes, percussives, projetées à l’écran.
Light Music est une nouvelle étape — dans la perspective d’une série de pièces : Hands (1983), Musique de tables (1987), Unknowness (1996), Silence must be! (2002) — qui explorent l’état de tension à la frontière entre le geste et le son produit ; le visuel et le sonore ; l’écriture chorégraphique et la musique…
Cette fois équipé des technologies émergentes de captation du mouvement, le chef solo ou le percussionniste sans percussions peut du simple mouvement de ses mains, déclencher des sons ou des séquences musicales, les manipuler dans le temps et dans l’espace, les mettre en boucles, les déchirer, les faire résonner, etc.
Le titre anglais autorise le jeu de mot : musique légère puisque l’instrumentiste ne dispose d’aucun « instrument » (mis à part la lourdeur informatique…), musique de lumière (light’s music) puisque les points lumineux et leur évolution dans le temps sont les éléments déterminant de la captation de mouvement.
Le mouvement agit comme interface : interface entre les différents modes de perception sensorielle, entre l’interprète et la machine, entre les algorithmes de l’intuition et leur expression musicale, entre l’écriture chorégraphique — délétère par nature, comme tracée dans l’espace avec une encre qui s’effacerait à mesure de son déploiement — et la partition, entre les mouvements du chef et l’exécution musicale de l’orchestre…
Comme toujours lorsque l’écriture se confronte aux nouvelles technologies, la présence de l’informaticien et la complicité de l’interprète sont déterminantes pour de multiples aspects de la création. Je tiens à souligner le rôle de Laurent Pottier (GMEM) qui m’a initié à ces techniques, de Christophe Lebreton (GRAME) qui m’a accompagné tout au long de la traduction des prémices en outil informatique, et avec qui je continue de travailler aujourd’hui, et bien sûr de Jean Geoffroy, l’interprète, tous auteurs de nombreuses suggestions.
Une citation de Nietzsche : « Bisogna avere un caos dentro di se per generare una stella danzante » (« Il faut avoir un chaos à l’intérieur de soi pour enfanter une étoile qui danse ») sous-tend le scénario de Light Music.
Thierry De Mey.