Hétérolalie s’inscrit résolument dans une orientation psychanalytique. Elle se réfère en effet à l’« inquiétante étrangeté » décrite par Sigmund Freud et qui manifeste l’apparition du double. Des éléments phonétiques et sémantiques traversent les solistes et l’ensemble, et le double concerto tend ainsi à faire écouter un monde sonore en amont du langage et dans lequel on entend que « la femme n’existe pas » mais aussi que « je est un autre » même si « je ne sais pas ce que je dis ».
Jacques Lacan avait proposé de le nommer « la lalangue » et selon lui il est structuré comme le fameux ruban de Moebius, cet espace topologique qui semble double tout en n’étant qu’un.
Bien avant Moebius mais selon le même principe mathématique, J.S.Bach écrivait dans son Offrande musicale un canon à deux voix dont le début rejoint la fin après renversement. Ce même principe d’imitation canonique est appliqué ici dans une hétérophonie à 8 voix à partir de la seule ligne vocale du premier soliste.
Enfin Hétérolalie est aussi une lettre à Luciano Berio car elle s’inspire de ses œuvres issues de ses recherches en phonologie tout en tentant d’intégrer la musicalité de l’inconscient.