Installation vidéo
Avec From Inside, nous voudrions approcher le vieux rêve de la danse « vue et entendue » de l'intérieur de l'espace dansé. Il s’agit de faire vivre au visiteur de l’installation une expérience originale de perception de la danse en l’engageant dans la remise en question de l’espace dansé grâce à un dispositif interactif.
Le visiteur pénètre dans une boîte « noire » où sont projetées des images sur le mur frontal, les murs latéraux. Trois fenêtres de lumière parallèles aux écrans définissent l’aire de jeu. Quand le mouvement d’un spectateur y est détecté, le dispositif interagit sur l’image, le son et le montage suivant des modes soigneusement prédéterminés.
L’installation fonctionne en mode juke-box : le spectateur peut choisir à quelle séquence filmée, à quel univers de mouvement il va être confronté. Elle peut être vécue de manière active ou contemplative, de l’intérieur de la boîte noire. Les écrans trans-sonores permettent à la lumière de passer ; le public, selon les lieux de présentation et la configuration du dispositif, pourra circuler autour de l’installation et l’appréhender « en transparence », observant les mouvements des visiteurs. Le choix de ces univers répond au désir de représenter l'éventail le plus large entre la pensée chorégraphique la plus élaborée et la plus genuine, et de différencier autant que possible les localisations géographiques :
- Frankfurt : Thematic Variations - William Forsythe : (tourné effectué en avril 2006).
- Sicilia: Vie di Gibellina - Manuela Rastaldi (tournage effectué en octobre 2006).
- Kinshasa : ville en mouvement (tournage en février 2007).
L’installation pourra s’enrichir de collaborations futures et être complétée de nouveaux épisodes filmés.
Frankfurt : Thematic Variations
En avril 2006, Thierry De Mey s’est rendu en Allemagne afin de réaliser le film d’une pièce majeure du répertoire de William Forsythe : One Flat Thing reproduced, sorte de « parcours sauvage » visuel et sonore, où les danseurs évoluent au milieu de grandes tables, qu’ils déplacent et disposent dans l’espace. La chorégraphie se construit dans les passages entre, sous, et sur ces surfaces habitables. Les quatorze danseurs répondent à plus d’une centaine de signaux donnés par les interprètes eux-mêmes, comme autant de points de repères qui déclenchent les lignes chorégraphiques.
Pour l’installation From Inside, des séquences originales de mouvement, « thematic variations » sur les thèmes chorégraphiques de One Flat Thing reproduced ont été tournées. La pièce de William Forsythe s’élaborant déjà sur un principe d’interactivité riche et complexe, le mode de déclenchement induit par le spectateur s’orientera plutôt vers une interactivité purement musicale et sonore.
Sicilia : Vie di Gibellina
En octobre 2006, Thierry De Mey s’est rendu avec la chorégraphe Manuela Rastaldi en Sicile, dans l’ancienne ville de Gibellina. Sur le site de la ville, détruite en 1968 par un tremblement de terre, Alberto Burri a édifié dans les années 80 le Grande Cretto en hommage aux victimes du séisme. Il s’agit d’une œuvre monumentale, pour laquelle l’artiste a imaginé une immense coulée de ciment blanc dévalant le flanc de la montagne. De grandes tranchées ont été réalisées, suivant le tracé des rues de l’ancienne ville, permettant au visiteur de se déplacer au sein de ce labyrinthe blanc. Thierry De Mey invite la chorégraphe Manuella Rastaldi à proposer le cadre dramaturgique d’une chorégraphie pour un sextuor de danseurs, évoluant dans ce dédale de rues désertes. Le tournage a été effectué selon une arborescence complexe, reposant sur différents axes de décision simulant le déplacement à l’intérieur du labyrinthe. Le film s’appuiera sur un mode de déclenchement vectoriel. Dans le champ de la caméra, les directions (gauche/droite, avant/arrière) initialisées par un spectateur déclenchent l’engagement de sections filmées dans un espace très « repéré ». Dans le sillage des danseurs, le spectateur se trouve alors entraîné dans le labyrinthe des rues, ruelles et escaliers.
Kinshasa, ville en mouvement
À Kinshasa, il est défendu de filmer. Mais tout y est mouvement. Guidée par ses stagiaires africains, la caméra de Thierry De Mey dévoile sa vibration kinésique : la danse et la musique des shenge, les danses urbaines dans des lieux désaffectés, l’hybridation-mutation qu’imprime l’urbanisation à la tradition folklorique... Le matériau filmé que Thierry De Mey a ramené et qu’il complétera lors d’un tournage en février 2007, provient de séjours à Kinshasa à l’invitation de l’A.M.I..A.M.I. - Centre National de Développement pour les Musiques Actuelles à Marseille (www.amicentre.biz).
(Source : IRCAM)