En hommage à Stephan.
A Elena et à Sacha.
Une pulsation grave, multicanale, se désagrège progressivement –l’entropie l’emporte toujours- et se transforme en grondements de tonnerre qui englobent l’auditeur.
Puis elle se dédouble, rappelant le battement d’un cœur.
Des transformations vocales, tantôt mélodieuses, tantôt dissonantes, nous entrainent dans leurs métamorphoses polyphoniques, accompagnées de frottements, glissements et froissements qui matérialisent la présence qui perdure. Et cette porte lointaine qui refuse de se fermer définitivement, qui claque, mais s’ouvre ensuite encore et encore avec un grincement qui résonne comme un appel.
Composé à Sandvika en Norvège, logeant dans cet hôtel même où, en isolation totale pour covid-19 en 2020, j’appris incrédule le décès de Stephan, deux jours après celui d’une autre amie proche, plus jeune encore. Emportés tous deux brutalement par un cancer.
Composé la nuit dans ce théâtre où nous présentons actuellement la dernière création de la Cie Michèle Noiret, mais où mon isolation avait empêché de jouer la précédente production en 2020. Est-ce une coïncidence si c’est précisément cette compagnie qui me ramène ici aujourd’hui ? Est-ce un hasard si je me retrouve dans ce lieu qui ravive mes souvenirs et me rappelle l’état de sidération et de tristesse que j’ai ressenti il y a deux ans?
Cette même compagnie fut également l’occasion de ma première collaboration artistique avec Stephan, il y a exactement 25 ans, sur le spectacle < En Jeu > dont nous avions co-signé la musique originale.
Tant de souvenirs... qui remontent à la surface.
Todor Todoroff, Sandvika, septembre 2022.