Erämaa propose ici un programme autour de la poésie, une poésie non seulement littéraire mais également sonore et visuelle.
Musiques baroques, art brut, monde de l’inaudible, de la spontanéité, du questionnement, ce programme parcours divers aspects d’un monde intérieur développé par quatre compositeurs dont les pièces écrites pour le trio évoluent chacune dans leurs paysages sonores tel une mosaïque reflétant subtilité, textures, souffles de ce monde musico-poétique si particulier.
Le programme proposé est constitué de quatre pièces, dont ce seront les premières, pour ce concert de sortie de résidence du trio Erämaa au Forum de la Création Musicale.
Programme :
Fanny Libert - Embarquement perpétuel
David Achenberg - Rien ne s'opposé à la nuit (version courte)
Jinwook Jung - Plan à vol de corbeau, poème n°5
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Denis Bosse - Baroque Woke
Notes de programme :
Embarquement perpétuel
Embarquement perpétuel explore l’idée sans doute idéalisée d’une sensation
d’enfance selon laquelle l’écoulement du temps serait entièrement défini par la façon
dont les évènements se succèdent, évoluent et se transforment, plus ou moins
imbriqués les uns dans les autres.
Avec l’impression que les durées ne se mesurent pas, que la possibilité d’en
déterminer le contenu et le souci du choix n’existent pas, les occupations se succèdent
comme les pas d’une promenade infinie, dont le rythme n’est dicté par aucune autre loi
que leurs propres cours.
La séduisante idée en somme, de renverser la nécessité de caser toute expérience
dans le cadre strié et découpé du temps, pour les laisser nous entrainer par et dans
leurs formes, encore et encore.
Fanny Libert
Baroque Woke
La poète Bénédicte Brouillard écrit ses poèmes, les entend intérieurement et les dit. Elle les accompagne parfois d’une vidéo. De l’être, ses interprétations expriment erreurs, hésitations mais aussi trouvailles et spontanéité. Il en résulte une expression personnelle forte et singulière rapprochant cette pratique de l’art brut. En écoutant et en regardant ces « performances », ont résonné en moi des associations musicales. C’étaient des situations sonores imprévues qui me sont arrivées sans que je les ai expressément voulues, des musiques émergeant de l’inconscient, de l’inaudible, des paysages sonores surprenants et étranges parfois même inquiétants mais qui jamais ne m’empêchaient d’entendre les poèmes. Je me suis donc amusé à essayer de retrouver ces associations musicales et de m’amuser avec le plus possible.
Comme au même moment le trio Eraama m’avait demandé de lui omposer une nouvelle œuvre pour violon, clarinette et électronique en direct qui serait en lien avec la musique baroque, j’ai alors associé au hasard les poèmes, des pièces baroques plus ou moins connues, ma propre musique par des mouvements libres d’aller et retour le plus souvent intuitifs et incontrôlés ! Composer avec ces trois aspects m’a en effet mis au défi de trouver des solutions inventives, rusées, de bricoler joyeusement, d’avancer par essais, tâtonnements et erreurs. Voici donc un ensemble de pièces singulières, hybrides, libres, des écrins sonores à la poésie.
Aussi composer cette œuvre m’a permis de trouver, d’éveiller en moi un nouveau lien à la musique baroque…D’où ce titre « Baroque woke ».
La pièce est constitué de 9 parties de la manière suivante :
Ou je renais ou je meurs – Jésus que ma joie demeure (Jean Sébastien Bach)
VoioioiE.X – Vielle en RéM (Monsieur de Sainte Colombe)
Vestige – Les Barricades Mystérieuses (François Couperin)
Forêts Forêts – Les sauvages (Jean-Philippe Rameau)
Bitter Girl – Passacaille du Stabat Mater (Jean Baptiste Pergolèse)
Ma sinusite – Pena Tirana (Georg Friedrich Haendel)
Les bénéfices du caniveau – Concert de trompettes de la quatrième suite (Michel-Richard de Lalande)
En fuite – Contrepoint XII de l’art de la fugue, inversa (Jean Sébastien Bach)
Je me suis emmerdée et Employée – Oratorio Résurrection, Airs de Lucifer (Georg Friedrich Haendel)
Mes plus sincères remerciements aux chanteurs qui ont enregistré certaines parties :
Nicolas Ziélinski Contre-ténor, Alfred Bironien Ténor, Kris Belligh Baryton et Noryko Yakushiji soprano.
Denis Bosse