Un commentaire succinct de la pianiste Marie-Dominique Gilles sur le programme de son récital dans le cadre du Festival LOOP 8 le 24 novembre 2015 à 18h
L’espace du son.... c’est tout une génération de compositeurs qui l’investissent, le premier « moderne » fut Debussy, puis une nouvelle étape, avec Stockhausen. Klavierstücke IX est une pièce au temps suspendu, immobile. Les accords répétés du début ont la fonction de nous placer directement dans une écoute presque méditative. Dans cet espace-temps non directionnel, zen, les notes sont des événements à prendre un par un, pour eux-mêmes, l’intérêt vient en jouant sur les contrastes.... Les sons qui s’évanouissent font aussi part de l’événement....L’intensité est au cœur du moment présent.
Murail explore le temps par le champ des harmoniques naturels et le rythme se revit souplement, mouvant, un temps ressenti comme non métrique, quoiqu’organisé. Résonances mais aussi couleurs harmoniques en premières intentions. L’écoute est dirigée vers la complexité harmonique.
Jean Marie Rens propose trois pièces très actives rythmiquement, l’activité autour du vrombissement (Vibration /2). Dans « Résonnances », ce ne sont plus tant les attaques des sons, mais le volume des résonnances qui sont le matériel du discours, en utilisant également des notes harmoniques, lesquelles prennent progressivement le premier rôle au cours de la pièce. Puis vient le rythme d’une danse aux motifs concentriques et asymétriques obsédés (Obsessions).
Hao-Fu Zhang nous propose un trompe l’œil. En apparence impressionniste, la pièce dépeint la part cristalline et la part du courant puissant de l’eau. Avec finesse, le matériel musical s’enroule de plus en plus sur lui-même, sans jamais se répéter... Pièce d’écriture raffinée toute en suggestion.....
Denis Bosse propose une étude sur l’énergie du geste, soutenue par un matériel tout d’abord entièrement défini dans le détail, et par opposition, une seconde partie où l’énergie du geste entre en lutte et prend sa/la place, via l’usage des clusters dont seule la tessiture est proposée. L’énergie du geste « sauvage », côtoyant l’énergie canalisée, domptée.....