Un chêne s’est abattu à nos pieds. Stephan Dunkelman s’en est allé, en silence, dans la discrétion. Il est parti la tête haute et laisse un vide énorme dans le cœur de ses amis et dans le monde de la musique électroacoustique. Mais qui était Stephan Dunkelman ?
Aimé de tous pour son humour et sa bonne humeur, pour sa générosité, son dévouement, son intégrité artistique et humaine, Stephan reste aussi un mystère pour beaucoup de ses amis. Il fréquentait avec une aisance égale divers milieux musicaux et sociaux. Il participait avec un égal bonheur à différents projets culturels et nombreux sont les artistes qui ont collaboré avec lui.
Amoureux de sa liberté, il ne s’est plié à aucun diktat, n’a souscrit à aucun dogme. Artiste créatif et engagé, il a cherché dans toutes les directions et n’a rejeté aucune piste. Esprit libre et ouvert, il savait écouter toutes les opinions et rester fidèle à propres convictions.
Stephan était aussi l’homme des extrêmes, articulés sur socle robuste, et savait si bien allier légèreté et profondeur. Il était d’une sensibilité extrême, d’une délicatesse ineffable autant qu’il était un être d’action et d’effort. Combien de fois n’a-t-il pas transporté, monté et démonté le matériau pour qu’un événement puisse voir le jour, pour aider un collègue dans le besoin, pour ouvrir de nouvelles perspectives. D’une culture immense, il était aussi d’une modestie déconcertante. D’une grande délicatesse, il pouvait être aussi d’une franchise redoutable. D’une grande intelligence, il pouvait aussi se montrer d’une candeur enfantine. Des myriades d’idées qui sillonnaient son esprit, il ne pouvait tout exprimer en même temps et, plus d’une fois, sa bouche était en retard sur son esprit, ce qui ajoutait d’autant à son charme et à sa touchante vulnérabilité.
Il est difficile de savoir d’où lui provenait sa formidable énergie. Quelque chose comme un serment philosophique semblait guider ses pas au travers des méandres de sa vie. De ses origines juives, Stephan s’en inspirait plus qu’il n’en parlait. Après tout, il n’est de philosophie véritable que celle qui se traduise en actes.
David Baltuch
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Stephan avait une légèreté, une souplesse, une grandeur d'esprit hors du commun, doué de quelque chose plus grand que nature. Compositeur merveilleux, il emplissait sa musique de ces qualités. Mais les talents de Stephan étaient multiples. Il était une personne merveilleuse, hautement intelligent, extrêmement généreux, aimable, aimant, honnête, d'une extrême correction, et restait fidèle à ses valeurs. Un géant parmi les hommes.
Il était ancré dans la réalité mais, en même temps, il défiait la gravité. Comme preuve de ces qualités jumelles, il pouvait tendre au sublime – comme composer, projeter de vastes productions artistiques et les concevoir dans leur déroulement – et gérer l'ordinaire, cela avec une dextérité et une implication égale, et une totale humilité.
Il était aussi une personne hautement sensible et raffinée, mais souvent il dissimulait ces qualités derrière des apparences plus bourrues. Cependant, par la conversation et par l'action, sa vaste connaissance de la complexité de l'expérience humaine entrait en jeu.
Maître de la communication instantanée, et ami fiable, on pouvait le contacter à des heures tardives pour une aide, et il se trouvait à votre porte dans les vingt minutes. C'était ce type d'amitié serrée sur laquelle on pouvait compter lors des pires vicissitudes de la vie. Ce type d'hommes est très rare. Mais il excellait également dans la gaieté.
Un professionnel consommé mais discret, il menait ses obligations sans broncher jusqu'au jour où, après des décennies de présence incroyablement légère mais affectueuse, il disparut soudainement.
Ses innombrables talents étaient époustouflants de profondeur et de largesse de vue, et sont maintenant pour nous des balises à suivre.
Elizabeth Anderson