flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, quintette à cordes, piano, percussion
Each of Them
Commande del’Etat français pour flûte,hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, 2 violons, alto,violoncelle, contrebasse, piano, percussion. Création aux rencontres de musiquenouvelle au Québec en août 2000 par le Nouvel Ensemble Moderne dirigé parLorraine Vaillancourt.
Spécialement écrite pour le NouvelEnsemble Moderne et dédiée à Lorraine Vaillancourt, cette œuvre estla dernière d’un cycle de sept intitulé « les Champs de l’Inaudible »qui est une exploration de l’écoute et de ses limites. Il faudrait plutôtécrire : de modes d’écoute personnels du compositeur, c’est-à-dire quel’action d’écouter est considérée dans toute sa subjectivité plaçant le sujetau centre du phénomène musical. Même si cette démarche peut rejoindre lesrecherches de Pierre Schaeffer, il ne s’agit pas pour autant de tenter uneécoute réduite qui permette d’élaborer l’objet musical objectif.
L’exploration particulière de l’écoutedans Each of Them concerne la relation de l’instrumentiste au tout dansune sorte de mise en abîme hologrammatique. Le projet compositionnel était deparvenir à écrire une musique où chacun soit tout aussi important que letout, le résultat global, ce qui conduit à reconsidérer les techniquesd’écriture polyphonique. La musique suit dans l’œuvre un parcours commençantpar une seule voix de matériau (du souffle) jouée par tout l’ensemble, puiselle passe par de multiples superpositions de plus en plus complexes de cesvoix jusqu’à ce que chaque musicien joue une musique indépendante des autresarrivant ainsi à un point limite après lequel le contrôle du résultat global aumoment de l’écriture s’est avéré irréalisable. La pièce s’arrête alorssubitement à ce point de passage, comme coupée étant, au moment de la création,devenue impossible en regard de la perception du compositeur (ce qui bien sûrdévoile ses propres limites conscientes et inconscientes). Elle est en cecitrace et signature d’un état et d’un événement créatifs uniques car nonrépétables puisqu’elle transforme par sa seule apparition la subjectivité deson créateur : l’écoute crée le son qui la recrée. Il y a un« flirt » avec une limite subjective de l’audible, une façonparticulière d’envisager l’inaudible : beaucoup de contrôle conduit à laperte du contrôle. La question est alors de savoir si au-delà de la musique cene serait pas encore de la musique ? Cela met en question directementl’écoute (et pas le son) et convoque l’auditeur à réagir.
Denis Bosse