Note du compositeur:
Dans la musique classique de l’Inde du Nord, le terme Âlâp désigne une sorte de prélude improvisé pendant lequel le soliste déploie peu à peu un raga, c’est-à-dire l’échelle modale sur laquelle sera construite toute la pièce. L’Âlâp consiste en un lent et long déploiement mélodique accompagné du seul tambûrâ, instrument à cordes qui fait entendre la fondamentale durant toute la pièce.
Ces procédés musicaux fondateurs sont exploités et « transcrits » dans cette composition intitulée Âlâp, justifiant ainsi le choix de son titre. Toutefois, l’échelle utilisée, qui correspond aux hauteurs déterminées par la série des sons harmoniques, est complètement étrangère aux centaines de raga que la tradition indienne a développés. Dès le début, le bansouri (flûte traversière en bambou) tient longuement un son caractéristique : le son 7, c’est-à-dire la septième mineure abaissée d’un sixième de ton, ce qui la rend étrangement consonante. Du fait du déploiement progressif de l’échelle, les sons non tempérés sont progressivement assimilés. Le bansouri et l’arpeggione offrent naturellement la possibilité de faire entendre ces hauteurs particulières tandis que la guitare ne fait sonner que les sons tempérés de l’échelle. Elle assume au début le rôle du tambûrâ, puis peu à peu, elle émerge en solo en imitant le jeu du sarod (instrument à cordes pincées dont la touche est recouverte d’une plaque métallique permettant de nombreux glissandi d’ornementation). La dernière section nous conduit à entendre les sons les plus aigus du bansouri alors que la partie de guitare, qui a retrouvé son rôle d’évocation du tambûrâ, est mise en boucle.
Bansurî, Arpeggione et Guitare
Cette œuvre a été écrite avec l’aide de la Communauté française (Direction générale de la Culture, Service de la Musique).