Note du compositeur :
Suite à "La Cathédrale d’Ani" créée par Laurence Mekhitarian à Erevan en 2017, cette nouvelle pièce prend place dans un projet de cycle intitulé Hayastan toujours en cours d’élaboration. Elle est dédicacée à l’artiste plasticienne d’origine arménienne Aïda Kazarian dont l’œuvre constitue la première source d’inspiration. Son titre, "L’iridescence du toucher", est directement emprunté à un article rédigé par l’artiste elle-même et édité dans le livret de présentation de son travail. Se souvenant du « rythme des points noués et des chants d’amour » qui ponctuaient le travail quotidien de ses parents autour des tapis d’Orient qu’ils confectionnaient et restauraient, elle a développé un langage original et personnel en utilisant directement ses doigts pour appliquer la peinture sur la toile.
Il n’y a donc rien d’autre sur la plupart de ses toiles que ses empreintes colorées qui s’assemblent en véritables compositions et qui ne sont pas sans faire penser à des partitions musicales par le témoignage rythmé des « touchers » qu’elles livrent. Aussi l’écriture musicale a cherché à évoquer la sensation d’un geste-toucher continuellement répété par un procédé d’ostinato rythmique sur des sons choisis en fonction des résonances résultantes. Car celles-ci cherchent à évoquer l’effet d’irisation des toiles d’Aïda Kazarian qui invitent le spectateur à trouver l’effet de reflet en fonction de sa position face à la toile et de la lumière environnante.
Ce phénomène d’irisation a pu être transcrit en effets sonores en travaillant sur les résonances continues des cordes graves libérées de leur étouffoir par l’action de la pédale sostenuto, sur leur évolution tout au long de la pièce et leurs mélanges subtils en fonction des sons joués. Quant aux « chants d’amour », ils sont eux aussi évoqués par l’émergence de fragments mélodiques modaux dans un style typiquement arménien.