2 fl., cor angl., 2 cl. basson, cor en fa, trompette, trombone, 2 perc. orchestre à cordes, 2 chefs
On sait tous plus ou moins ce que « se rendre au concert » signifie : assis pendant deux petites heures, on tentera de se concentrer sur ce qui se passe devant nous, on se laissera peut-être émouvoir, ou bien on se perdra dans nos pensées jusqu'à se rappeler qu'il faut absolument acheter des pommes de terre sur le chemin du retour pour le dîner de demain soir. Cette définition ne vous plaît pas ? A moi non plus ! Un concert me laisse toujours perplexe, et se poursuit dans des discussions à bâtons rompus, les yeux noyés dans la bière chaude, ou simplement dans un sourire à un inconnu sur le chemin qui mène au métro.
C'est en pensant à tous ces moments que j'ai écrit « Si les démons entrent, ... », et en tentant d'initier sur ma partition les mouvements qui en sont à l'origine. On écoute de la musique, certes, on n'en reste pas moins écouté par le monde ! Comment alors activer entre les musiciens l'envie d'écouter son voisin, mais aussi la peur d'être entendu par un autre ? Pourraient-ils ressentir cela tous agglutinés sur une scène, ou une plus grande distance entre eux ne rendrait-elle pas plus intenses ces liens invisibles ? Quels musiciens placer sur la scène, quels autres en dehors de la salle ? Derrière les portes que l'on vient à l'instant de franchir, on les entend pourtant à peine de l'intérieur. Comment les faire réagir les uns par rapport aux autres, et comment te contaminer, chère auditrice, cher auditeur, du trouble qui les anime ?
Cette pièce est dédié à Tobie Nathan, l' « initiateur de vitalité » sans les réflexions duquel ce projet n'aurait pas été possible.