pour choeur et orchestre
« Le Tracé s’envole »?
Il s’agit de la dernière phrase du texte chanté.Depuis longtemps j’avais envie d’associer chœur et orchestre. En mai 2010, unepremière oeuvre en ce sens a été créée par un choeur parisien de 250 enfants,accompagnés d’un orchestre et d’un groupe traditionnel malgache. Lorsque l’OPLm’a contacté, j’ai proposé d’associer le Choeur de Chambre de Namur etJean-Pierre Rousseau a accepté. Avec ses 16 chanteurs (quatre pour chaque tessiture),il est traité pratiquement comme un pupitre de l’orchestre, au point d’être placéau sein de celui-ci et non derrière comme cela se fait d’habitude. Le texte estde Corine Hoex, une écrivaine belge que m’a fait connaître mon épouse, il y adéjà quelques années. Après avoir lu plusieurs de ses romans et recueils de poésie,je suis entré en contact avec elle par l’intermédiaire de son éditeur. Lorsque jelui ai parlé de mon projet de mettre l’un de ses textes en musique, elle m’aenvoyé toute une série de poèmes, y compris des inédits. J’en ai gardé deux quiparlaient de la Mer du Nord, car j’aime beaucoup la Mer du Nord, quelle quesoit la saison. J’y suis allé d’innombrables fois avec mes parents et,aujourd’hui, j’y emmène régulièrement mes enfants. Ne pouvant me résoudre à choisirl’un des deux poèmes, j’ai décidé de les entremêler tous les deux. En fait, je n’aigardé que des portions de textes de chacun. La forme générale est vaguement inspiréedu « rondeau » : une sorte de « refrain », issu du premier poème, alterne avecdes « couplets » tirés du deuxième. C’est très visible à la lecture du texte,avec une succession ABCBDBE.
Et au niveau musical,quel a été votre point de départ ?
Je suis parti de presque toutes les lettres «musicalisables » du nom « Orchestre Philharmonique de Liège ». En allemand, lespremières lettres de l’alphabet désignent LA, SI bémol, DO, RÉ, MI, FA, SOL, SIbécarre. Je n’ai gardé dans le nom de l’Orchestre que les lettres quitrouvaient un équivalent musical (en incluant le S, qui désigne MI bémol). De ces notes, auxquelles j’ai appliqué des traitementsvariés, j’ai déduit tout le matériau musical de l’oeuvre. Les « refrains » onttous la structure d’une vague musicale, partant d’un ppp et aboutissant à un climax fff, sans retour (sans ressac). Cette « vague » est à chaque fois de plus enplus longue, et animée d’un tempo de plus en plus rapide. L’oeuvre s’achève parun doux solo de clarinette, accompagné par les cordes, le glockenspiel et lecélesta.
Je n’ai pas cherché à faire une œuvre joyeuse —concept un peu bateau —, mais je n’ai pas non plus voulu faire une œuvre expérimentale; c’est une pièce qui sonne bien pour l’orchestre. Le texte chanté y est le plussouvent compréhensible, mais parfois aussi fondu ou enfoui dans les sonorités instrumentales.L’orchestre comprend les cordes, les bois par 2, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones,1 tuba, timbales, 3 percussions, 1 harpe et 1 piano jouant aussi le célesta. Iln’y a qu’un bref moment où le chœur chante a cappella. L’oeuvre a été achevéele 1er septembre 2010 ; elle est dédiée à tout le personnel de l’OPL, musiciens et non musiciens. Je vois dans les derniers mots, qui forment letitre, une double métaphore de l’OPL qui prend son envol et de la musique quisort des sentiers battus.
(PROPOS RECUEILIS PARÉRIC MAIRLOT)