Palimpseste

Le palimpseste est un manuscrit, le plus souvent sur parchemin, que l’on a réutilisé en en effaçant la première inscription, en la grattant à l’aide d’une pierre ponce par exemple, pour y coucher un texte nouveau. Il existe des palimpsestes doubles (une couche d’annales de l'historien Granius Licinianus datant du cinquième siècle, sous une couche de grammaire latine du sixième, elle-même sous une couche de St Jean Chrysostome du neuvième ou du dixième siècle) et même centuples ! C’est le cas du codex de Novgorod, un « hyper palimpseste » exhumé à Novgorod en 2000, constitué de trois tablettes de bois garnies de quatre pages de cire dans laquelle ont été gravés successivement un très grand nombre de textes. Les tablettes de bois sous la cire ayant conservé de faibles traces de chacun des coups du stylet utilisé pour écrire, il a été possible de reconstituer plusieurs dizaines de psaumes et autres textes jusqu’ici inconnus émanant d’une communauté chrétienne déclarée hérétique par l’église officielle. Mais ne nous égarons pas…

Baudelaire comparait l’appareil cérébral à un palimpseste, et après lui Freud, Christine Buci-Glucksmann et Dick Tomasovic se sont emparés du concept avec des perspectives différentes. Tous disent le paradoxe du palimpseste : jamais tout à fait vierge, tout en l’étant toujours à nouveau.

Palimpseste est concernée par tout ceci pour au moins deux raisons. La première est que son élaboration a consisté à reprendre de vieilles « visions » déjà mises en musique plusieurs fois et à les plonger à nouveau dans un bain en fusion pour en confectionner un modelage actualisé. La seconde est que ces visions sont en relation étroite avec les logiques de confusion, de mutation ratée, de perversion et de détournement propres au palimpseste.