L’exploration et les traversées en solitaire ont toujours été la marque du pianiste Stephane Ginsburgh. Au centre de ce programme de découvertes, deux redécouvertes. La première est le grand cycle chef-d’œuvre d’inspiration littéraire « La Nuit est une folie rouge » (1998-99) de Denis Pousseur, bien trop rarement entendu et dont ce sera la première performance intégrale depuis sa création il y a presque 25 ans. La seconde, « The Unforgettable Fire » (1984) de Jean-Louis Libert est aussi l’œuvre d’un compositeur trop discret depuis des années. Elles entreront en résonance avec les créations de deux jeunes compositrices et un compositeur: Oren Boneh avec un tourbillonnant « Brick for Stone », Sarah Defrise avec « Dead Parrot nr. 1 » défiant la mémoire immédiate de l'interprète, et « Welcome » une pièce de théâtre musical de Fanny Libert. Pour introduire ce magnifique programme, Stéphane Ginsburg a choisi Nanosonatas Book VI, une oeuvre très personnelle, pour ne pas dire "familiale", d'un de ses compositeurs préférés, Frédéric Rzewski, composée de pièces dédicacées à ses enfants.
Programme
Frederic Rzewski
Nanosonates Book VI (2008-9)
Oren Boneh
brick for stone (2023) création
Fanny Libert
Loop Welcome (2023) création
Sarah Defrise
Dead Parrot I (2023) création version solo
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Jean-Louis Libert
The Unforgettable Fire (1984)
Denis Pousseur
La Nuit est une Folie rouge (1998-99)
Nanosonatas Book VI
En septembre 2008, j'ai écrit une pièce pour mon fils Noam, qui allait avoir 18 ans. Un mois plus tard, ce fut le tour de ma fille Noemi, pour son 27e anniversaire. Ensuite, mon fils Jan, qui a eu 38 ans en novembre. Je me suis rendu compte que j'avais eu sept enfants, y compris mon fils Nicolas, qui est décédé en 1963 à l'âge de six semaines. J'ai décidé que le Livre VI [des Nanosonatas] serait une série de portraits de chacun d'eux, dans l'ordre de leurs anniversaires, se terminant avec ma fille Esther, qui aurait 13 ans en juillet 2009. Un soir, nous parlions de l'histoire du joueur de flûte de Hamelin, aussi connu sous le nom de « Pied Piper ». Je lui ai demandé quel genre de musique il aurait pu jouer pour attirer tous les enfants loin de leurs familles. « Facile, » a-t-elle dit, « quelque chose qui donne envie de se lever et de partir, comme ceci : » Et elle a chanté une mélodie que j'ai notée, qui est devenue (légèrement modifiée) le thème de la No. 42.
Frederic Rzewski