L’œuvre est écrite à partir de poèmes de Ghérasim Luca : "Contre-Créature", "La morphologie de la métamorphose", " Le triple", "L’écho du corps". Ce Contre-Requiem est en trois parties et exprime un rapport à la mort que j’ai trouvé dans ces trois poèmes ainsi que ce que j’ai ressenti suite au suicide du fils d’un de mes plus proches amis. Cette pièce leur est dédiée. La première partie est une sorte de lamentation désespérée. Elle est très pianissimo et tout dans le détimbré ainsi que les murmures à la fois instrumentaux et vocaux. Il n’y a pas de hauteurs précises chantées (ou très peu) et l’expression vocale reste dans le parlé, le chuchoté, les souffles et le murmuré voire parfois du parlé-chanté ou des chuchotements fredonnés. Parfois quelques sons buccaux sur des consonnes comme t ou d (donc sans vibration laryngée). La deuxième partie est une grande révolte, contre la mort, contre la violence. Au contraire de la première, elle repose sur une expression vocale très déclamée, presque tout le temps dans le forte, presque criée et exaltée. Là non plus pas de hauteurs précises, seulement trois registres grave, médium, aigu. Les voix sont alors entourées par une sonorité très inharmonique reposant sur des sons fendus, des multiphoniques, des sons écrasés, des accords inharmonqiues. La dernière partie, exclusivement chantée sans vibrato est une consolation érotique. Elle progresse jusqu’à un maximum vocal virtuose et joyeux avant de redescendre vers un apaisement fin de la consolation. La compréhension du texte par l’auditeur est mouvante. Certaines parties superposées empêchent de suivre un fil déjà fort ténu dans les poèmes eux-mêmes. L’ensemble de la pièce repose sur le principe de l’isorythmie. Deux voix principales simultanées se déroulent constituées l’une de 28 sections de 29 secondes, l’autre de 29 sections de 28 secondes. Ainsi un décalage progressif est créé, la fin de la pièce étant sa résolution. Chaque section est constituée des durées suivantes : 1’’+3’’+11’’+2’’+7’’+5’’= 29'' 3 ‘’+11’’+2’’+7’’+5’’= 28 ‘'
Ces sections et durées sont marquées musicalement par différents procédés. Dans la première partie elles sont scandées par des inspirations proches du râle ainsi que par des sons percussifs instrumentaux. Dans la deuxième partie, elles sont marquées par des sons fendus à la clarinette basse et des sons multiples Dans la troisième partie, chaque section correspond à un traitement contrapuntique et vocal tout le temps différent.