pour harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes
Suoni delicati (2010)
pour harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes.
« Sons délicats »... Le ton est donné. Comment ne pas rattacher ces deux mots à cet instrument magnifique dont le timbre de cordes pincées évoque à merveille les résonances évanescentes. Attaque-résonance, voilà bien le couple vénéré de cette pièce qui inscrit la harpe au creux de son noyau fondamental. L’origine se situe dans une saturation d’attaques, un mouvement rapide de notes répétées, donnant l’illusion d’une surface sonore « granuleuse » née d’une spécificité de l’instrument : l’enharmonie (c’est à dire le fait de pouvoir articuler rapidement deux cordes portant des notes différentes, mais altérées de manière à faire entendre la même hauteur – par exemple mi b et ré #, si et do b pour le début de l’œuvre). Ce « grain » serré connaîtra différents avatars au cours du temps, se communiquera aux autres instruments du septuor en se dilatant progressivement, afin de créer des oscillations, des complexes rythmiques ou encore des polyphonies de pulsations. Entre ces séquences de stabilité temporelle, voire de véritables moments thématiques offerts à la perception, opéreront des transitions, sortes de glissements résonnants de « polyphonies-timbres » - une texture sonore issue des caractéristiques acoustiques des instruments mis en jeu - où apparaîtra une microtonalité sensuelle aux parties de vents et de cordes frottées. La harpe, inéluctablement cantonnée au diatonisme (quoi que...), ne pourra pas vraiment y souscrire. Elle récupérera néanmoins son statut de soliste lors de cadences qui ponctueront allègrement cette petite pièce aux allures certes complexes, mais délicates.
L’œuvre est dédiée en toute amitié à la harpiste Aurore Grailet. Elle fut créée par cette interprète ainsi que par les membres de l’Orchestre Philharmonique de Liège en janvier 2010 dans le cadre des concerts de musique de chambre de l’OPL.